Résumé de l'article d'Elena Chiti

Invisibiliser le visible et visualiser l’invisible :
les Alexandries d’Evaristo Breccia, entre ville barbare et ville idéale

Archéologue italien, directeur du Musée Gréco-romain d’Alexandrie de 1904 à 1931, Evaristo Breccia (1876-1967) marque pour presque trois décennies la vie culturelle citadine, en contribuant à produire une certaine image d’Alexandrie – cosmopolite et tolérante – qui finira par éclipser d’autres images de la ville, en faisant oublier qu’elle a vu le jour dans une Égypte sous emprise coloniale.

Cette contribution interroge l’origine de ce topos à partir des choix muséaux de Breccia, ainsi que du Guide de la ville d’Alexandrie et de son Musée qu’il a écrit en 1907 et qui sera réédité en 1914. Le dénominateur commun entre la direction muséale et la rédaction du guide est à rechercher dans l’engagement personnel de Breccia pour la récupération du passé hellénistique d’Alexandrie, considéré en concurrence avec son présent arabe. Lue à travers les catégories du visible et de l’invisible, cette récupération révèle tout son poids dans la construction d’une image d’Alexandrie viable dans la société coloniale de l’époque : une Alexandrie lieu de l’esprit, héritage universel qui n’appartient pas plus à l’Égypte qu’à l’Europe.

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