Résumé de l'article de Saïd CHOUADRA et Monia BOUSNINA

Le centre colonial de Sétif comme lieu de résistance à la mutation

La ville est perçue dans la conception de l’usager comme un support matériel immuable. Faite de repères, de lieux familiers, enserrée dans des limites claires, elle nous renvoie à un ancrage mythique et symbolique de tout ce qu’elle représente. La ville de Sétif, objet de notre intérêt, ne déroge pas à cet ordre des choses et constitue un exemple édifiant dans la manière dont les usagers s’accommodent de leur environnement urbain. Elle se trouve actuellement dans la situation d’une ville en perpétuelle mutation, riche en ressources de biens culturels et où la gestion des dichotomies ancien/nouveau, conservation/développement s’avère complexe.
De la ville coloniale avec son patrimoine urbain et architectural, à la ville contemporaine, la ville se transmet, elle nous est donnée en héritage. Ainsi elle s’offre à nous comme une mosaïque où se côtoient ancien et nouveau, engagés dans un conflit permanent entre un passé urbain « ville de l’autre » et ce besoin incessant de se renouveler. Dans ce conflit, les « lieux de mémoire » tendent à cristalliser l’image de la ville toute entière excluant par conséquent les nouvelles extensions, de l’imaginaire collectif de ses habitants. Ces mêmes habitants qui vont jusqu’à les considérer comme des fragments urbains anonymes et à les dénier au détriment de ce qu’ils revivifient et glorifient instinctivement, le noyau historique de la ville coloniale. Ce dernier demeure, malgré l’usage du temps, comme un référent spatial prépondérant dans l’image collective de la ville ou le passé est mystifié. Malgré le fait que ce fragment urbain ait subi des transformations majeures sur un plan architectural, il subsiste comme étant le symbole de toute une ville. C’est l’emblème identitaire de tout un territoire et d’une communauté. Il préfigure un semblant d’histoire qui rassure, ainsi, le temps se serait figé au centre-ville.
Ceci nous interpelle et nous amène à nous interroger sur le devenir de ce « milieu de mémoire », sur son destin, sur la perte de ses anciennes limites, sur son changement d’échelle, sur les mutations des modes de vie et des comportements ainsi induites. Il s’agit de décrire et d’expliquer les caractères essentiels de ces paysages urbains, d’identifier les permanences structurelles qui permettent de conserver et de pérenniser ses identifiants face aux défis du changement imposé par le développement.

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